vendredi 17 septembre 2010

Laissons en paix nos ados !

J’ai aimé tout particulièrement lire le passage de l’interview d’Alain RUIZ relatif à l’intolérance de certains nudistes vis-à-vis des gens qui ne sont pas comme eux.
Alain RUIZ précise également « On se met à poils quand on veut. D’autres fois, on préférera restés habillés, qu’importe ! Ce qu’on cherche avant tout en venant ici, c’est un autre mode de vie, en rupture totale avec la vie speedée des villes, la pression que nous subissons au boulot dans un monde qui va de plus en plus vite, où il faut être toujours être performant. On ne vient pas là pour se faire bronzer à poils, mais pour remettre son horloge interne au rythme de la nature ».

Cette intolérance de certains nudistes s’opère également au niveau de la nudité de nos adolescent(e)s à l’intérieur des centres naturistes et des procès d’intention qui sont faits à l’égard de leurs parents, NATURISTES.
Nos adolescent(e)s ne sont pas notre passé, ils représentent l’avenir de notre naturiste familial. Traitons-les comme il se doit !

Un centre naturiste demande que l’on décide d’y entrer et que l’on respecte les règles internes de ce centre, à commencer par celle de la nudité.

Lorsque nous entrons avec nos deux filles dans un centre naturiste, Annick et moi n’avons pas dans la tête d’y errer habillés. Nous y entrons parce que nous voulons y vivre nus et comme le dit si bien Alain RUIZ, pour nous ressourcer, remettre notre horloge interne au rythme de la nature. Notre obsession n’étant pas de faire la carpette toute la journée au bord de la piscine ou de la mer.

Par contre, nous sommes TOLERANTS vis-à-vis de nos deux filles et des autres ados. Nous comprenons qu’à l’adolescence, le reflet de la glace qui dévoile la mutation d’un corps, le regard des autres sur leur nudité peuvent générer un effet psychologique. Sans compter que pour nos ados, cette nudité a, aussi, une connotation de sexualité naissante. Ce qui ne peut plus être le cas chez les naturistes adultes.

L’imposition inconditionnelle et inconsidérée de la nudité à nos adolescent(e)s risque fortement d’engendrer à leur niveau un énorme blocage psychologique pouvant générer des séquelles graves et de longues durées. Ayant des répercussions bien au-delà du naturisme.
On marche donc sur des œufs. Il ne faut surtout pas faire d’omelette !























Péter sa gueulante sur des ados en maillot ou portant un paréo est dès lors insensé, irresponsable !
C’est ignorer les réalités de la vie.
C’est oublier ce que nous étions à cet âge, ce que nous ressentions à cet âge.

Nous, nous avons connu notre premier centre naturiste aux Routelles, chez Jacqueline et Bernard. Les adolescent(e)s y étaient respecté(e)s au travers de cette compréhension de la difficulté qu’ils rencontraient, garçons comme filles, de vivre nus devant les autres.
Mais Bernard avait institué la règle selon laquelle au bord de la piscine et dans l’eau, la nudité était obligatoire pour toutes et tous, ados compris.
Et cette règle était respectée, par toutes et tous. A commencer par nos filles.

Pour ma part, sans qu’elle soit adolescente, j’ai vu la difficulté d’Annick de se montrer nue devant d’autres « naturistes ». Ce n’est pas pour rien que ce blog s’intitule « le naturisme pas à pas ». Si une adulte de 30 ans doit avancer pas à pas dans cette approche de la nudité collective, ne demandons pas à nos ados d’y aller sans étape, par OBLIGATION.

Par contre, exiger le respect de la nudité intégrale des adultes à l’intérieur des centres naturistes me semble fondamental. Même si je partage la vision d’Alain RUIZ selon laquelle, suivant la circonstance, il y a des instants où l’on a envie d’être à poils, à d’autres non. Annick et moi avons déjà écrit à ce sujet, nous ne sommes pas des obsédés de la nudité à tout prix, la nudité dans le naturisme, n’étant qu’une de ses composantes et certainement pas la principale.

Là au moins, on ne se trompe pas de cible !
On ne s’attaque pas à des innocents mais à des adultes qui sont là, sachant pourquoi ils sont là. Les ados sont venus dans ces centres avec leurs parents. Ce n’est pas la même chose que les parents qui ont choisi de venir en ces centres pour passer leurs vacances avec leurs enfants.
Les parents se doivent de vivre nus dans ces centres. Ce sont eux et eux seuls qui ont pris la décision de venir en ces centres. Les ados ne sont pas directement liés à cette obligation de nudité que nous nous devons d’apprécier selon leur sensibilité par rapport à leur nudité, vis-à-vis d’eux en premier lieu, vis-à-vis des autres ensuite. Les adultes n’ont aucune circonstance atténuante, les ados oui !

Mais, notre passage au salon du naturiste d’Héliomonde (centre naturiste par excellence) en 2008, me laisse perplexe à ce sujet car même les plus hauts représentants des fédérations, des associations, des centres naturistes présents, étaient, CONSTAMMENT, habillés ! Je n’ai par ailleurs, jamais vu autant de gens habillés dans un centre naturiste qu’à cette occasion. L’exemple, ne doit-il pas venir d’en haut avant de pointer nos ados.
Alors, pour Annick et moi, il ne s’agit pas de placer nos enfants en colonie de vacances pour pouvoir passer, à deux, des vacances en espace naturiste. Il ne s’agit pas, non plus, de passer des vacances non naturistes « à cause des enfants ». Il s’agit de passer nos vacances avec nos enfants, en famille, dans un contexte de vie que nos deux filles connaissent parfaitement mais, qu’à une certaine étape de leur vie, elles s’interrogent et prennent du recul. Elles ne refusent en rien de nous accompagner, elles demandent simplement que l’on prenne en compte leur questionnement temporaire. Que nous les respections et que les autres les respectent !

Le naturisme n’est-il pas avant tout, un territoire de respect de soi, des autres ??????????

A la maison, Annick et moi vivons, en permanence, nus, toute l’année. Les enfants sont habitués à cela et respectent notre choix de vie qui ne les indispose pas. Nous n’imposons JAMAIS, à nos deux filles d’en faire autant ! Nous ne sommes pas des intégristes. Et avant de rentrer dans la salle de bain lorsqu’une de nos filles s’y trouve, nous frappons et demandons l’autorisation d’entrer !!!!!

La nudité est intime au sens personnel du terme, en aucun cas, comme beaucoup l’interprète, au sens sexuel du terme. La nudité naturiste n’a rien de sexuelle, elle est naturelle et belle, et accessible à toutes et à tous. Cette nudité ne peut être imposée à personne !
Nous ne sommes pas là pour détruire la santé psychologique de nos enfants mais pour les aider à s’épanouir. Suivant les saisons de la vie, de leur vie. Nous leurs faisons partager un art de vie, ils ne sont pas obligés de l’épouser. Annick et moi avons toujours refusé l’intégrisme, nous n’allons pas l’inviter en notre famille pour faire plaisir à celles et ceux qui agissent en ce sens.

Nos enfants sont nés dans un environnement naturiste, ils y ont grandi mais ne sont pas obligés d’épouser totalement, même partiellement nos choix de vie. Il arrive un moment où ils choisissent leur route et ce moment le plus crucial est l’adolescente. Le dialogue est alors la meilleure voie, pas l’imposition. Il suffit que l’on me dise : « tu as intérêt à faire cela ou sinon, …, » pour que je ne le fasse pas.

Le naturisme est un espace de liberté, de libre pensée, d’épanouissement individuel avant d’être collectif. Laissons cela au naturisme, ne lui enlevons pas ce qui lui rend ses lettres de noblesse.
Je ne suis pas un dictateur, un fondamentaliste. Mes filles, nos filles, nos ados, en fin de compte, nos enfants, ont le droit fondamental d’avoir une autre opinion que la nôtre, de penser autrement que nous, de vivre autrement que nous. En tout cas, nous les avons élevés pour qu’ils soient capables de gérer leur vie sans le diktat avilissant des autres ! Annick et moi ne sommes pas des moutons, nos enfants, non plus.

Il ne s’agit donc pas de créer ou de défendre la mixité au sein des centres naturistes mais de respecter la difficulté qu’on les adolescents à découvrir et accepter leurs modifications corporelles et le regard des autres. Comme l’a dit un ancien président français : laissons le temps au temps !

Le naturisme ne décline donc pas à cause des adolescents, c’est un faux débat. Il décline à cause de l’intolérance excessive de certains adultes qui sont obnubilés par la nudité inconditionnelle, sans jugeote, pour nos ados. Créer cette intolérance vis-à-vis de nos ados, les haranguer, les AGRESSER, parce qu’ils ne sont pas complètement et toujours nus, c’est prendre l’énorme risque de les éloigner définitivement du naturisme. Nous avons d’autres très belles valeurs naturistes à inculquer à nos ados à commencer par celle de la tolérance. Oui, le respect de soi, le respect des autres. Apprenons à respecter nos ados pour qu’ils respectent les valeurs du naturisme bien au-delà de la nudité. Et qu’ils en deviennent nos successeurs, nos relais pour les générations futures.

Alors, laissons en paix nos adolescents car ils sont élevés dans l’esprit, dans l’espace naturiste et un jour ou l’autre, en tant qu’adultes, ils reviendront à la nudité, mais pas simplement qu’à la nudité dont certains veulent réduire à cette simple expression le naturisme !
Quand ? Vous le savez, vous ? Nous non, et ce n’est pas notre obsession. L’important, pour nous, c’est qu’ils vivent selon leur art de vie et si le naturisme redevient le leur, tant mieux. En tout cas, pendant toute leur jeunesse, ils auront été nourris dans l’esprit naturiste.
Laissons en paix nos adolescents. Laissons leurs les joies de l’adolescence avant qu’ils ne découvrent l’hypocrisie, le mensonge, la manipulation, la lâcheté de l’âge adulte. Eux, ils sont encore, et pour combien de temps, « vrais » avant que notre société pourrie ne les dénature.
Alors, laissons en paix nos adolescents, occupons-nous des vrais problèmes du naturisme. Occupons-nous de cette image nauséabonde d’un naturisme décadent fait de sexe, de débauche, de libertinage sans retenue, sans discernement. Cette image fausse mais tellement plus porteuse dont les médias se nourrissent pour faire de l’audimat, de la vente, du sensationnel, …, du fric facile !
Et si plutôt que de montrer du doigt nos ados en paréo, nous nous interrogions sur ce qu’ils attendent du naturisme, de ce qu’ils désirent pouvoir vivre dans les espaces naturistes en n’étant pas égoïste, en ne pensant qu’à notre confort d’adulte durant nos séjours en centre naturiste ? De ce qui ferait qu’en fin de compte, même en paréo, ils seront enchantés d’accompagner leurs parents en vacances naturistes sans se faire haranguer parce qu’ils ne sont pas nus ! De ce qui fera qu’ils deviendront les vrais naturistes de demain, nos relais.

Je parle ici de leurs donner des raisons d’aimer le naturisme, comme j’ai vu, à une époque, Marius apprendre aux jeunes enfants à reconnaître les plantes aromatiques en montagne ou un autre à reconnaître les orchidées, d’autres les oiseaux, et j’en passe.
Cela ne passe pas, obligatoirement, par le fait de créer, dans les centres naturistes, des dancings, pardon, …, des discothèques.

Nous présentons sur ce blog un reportage sur le break dance. Nous y avons vu des jeunes faire du sport tout en s’amusant énormément sur base d’une musique qu’ils aiment ! Il n’y a pas de drogue, d’alcool, de sexe, de déviance là-dedans !
Il y a un idéal partagé !
Mais, il y a des cons qui refusent que ces jeunes s’expriment dans leur espace préféré, la ville. Ces cons ne seraient pas capables de faire 1/10ème de ce que ces jeunes font. Il parait que ces jeunes troublent l’ordre public, comme ces jeunes qui passent du temps sur leur skateboard.
Ils ne font de mal à personne, sauf aux cons, à ceux que tout dérange.
Tient, mais ces cons qui s’attaquent à ces jeunes qui ne font de mal à personne n’ont pas le courage de s’attaquer à ceux qui créent la véritable insécurité dans la ville, qui troublent l’ordre public par des comportements agressifs. Ils ont le même « courage » que ceux qui s’attaquent à nos ados.
Nos ados dans les centres naturistes, parce qu’ils sont en paréo ou en maillot, ne font de mal à personne. Mais, ce que nous ne voulons pas savoir, c’est qu’ils ont aussi beaucoup à nous apprendre. Annick et moi, par ce reportage du break dance, avons appris beaucoup de chose. Ces jeunes sont venus vers nous, enchantés que nous nous intéressions à eux, à ce qu’ils font.
Nous, sur une plage naturiste, nous ne refoulons pas les non-naturistes qui viennent vers nous. Nous les accueillons, nous les écoutons, nous dialoguons avec eux. Nous ne sommes pas des sectaires, nous sommes des naturistes. Nous ne sommes pas des obscurantistes, nous sommes des gens libres, tolérants, respectueux de celles et ceux qui nous respectent et veulent comprendre.
Nous l’avons déjà écrit, Monique et Joël du champ de Guiral peuvent en témoigner. Cela ne me dérange pas de discourir avec un non-naturiste qui nous rend visite alors qu’Annick et moi sommes nus. A la différence que nous demandons à ce non-naturiste, malgré qu’il soit présent dans un espace naturiste, si notre nudité ne l’incommode pas.
C’est d’ailleurs plaisant, ce dialogue entrepris dans la différence.
C’est la preuve que l’ouverture est plus productive que l’intolérance.
Rendons donc nos centres naturistes attractifs aux jeunes. Julien, vient nous en aide avec ton association. Et nous adultes dialoguons avec eux parce que nous ne sommes pas des gardiens du temps, nous sommes leurs parents, …, naturistes. L’avenir, ce n’est pas nous, ce sont eux, …

Mais, je crois que là, nous ne serons pas nombreux à y consacrer du temps et de l’énergie.
Un ministre belge a dit un jour une phrase importante et d’une extrême réalité, parlant du monde politique en général et de son parti en particulier : « lorsque les dégoutés seront partis, il ne restera plus que les dégoutants ».
J’espère que ce n’est pas vers cela que va le naturisme ! A cause de celles et ceux qui transforment un idéal pour en faire leur propre intérêt au prix de la compromission et de l’argent qui ne sent pas le naturisme !
Heureusement, l’interview de Lili et Alain RUIZ me rassure.

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