jeudi 30 décembre 2010

Oser contempler le corps nu. (3)

« Vous écrivez « ...je peux errer dans tous les registres du nu... » Qu'entendez-vous par là ? »

Cette question posée par Laurent recoupe un sujet en cours d’exposé dans la rubrique « naturisme et photographie ».
Même si elle sort du contexte naturiste, je tiens à y répondre.

Annick sur son blog artistique explique ce qu’elle appelle « ses nudités ».
Elle les compte au nombre de trois : sa nudité naturiste, sa nudité artistique en tant que modèle et sa nudité sexuelle. Ses trois nudités ont chacune leur raison d’être et leurs propres frontières. Elles n’ont comme point commun que la nudité de la personne. Pour le reste, elles sont totalement distinctes et hermétiques et ne se vivent pas dans le même espace-temps.

En photographie, comme en peinture ou en sculpture, le nu se conjugue aussi dans plusieurs registres.
























- Il y a le nu naturiste qui représente des instants de vie, nu(e). Ce sont les photos que je vous présente sur ce blog et je le détaille en profondeur dans les articles « naturisme et photographie ».

- Il y a le nu artistique qui requiert de rechercher la pose idéale et une certaine « sophistication » (lumière, technique, …) pour mettre en somptuosité la nudité. Comme cette photographie que j'ai réalisée de "Clair de Lune".
- Il y a le nu « intimiste » comme le charme, l’érotisme, le fétichisme. Dans ces registres, la nudité peut être totale ou partielle.
La nudité est alors « séductrice et/ou suggestive » sans pour autant être sexuelle. Pour ma part, la nudité sexuelle est active ce qui n’est pas le cas du nu « intimiste ».

- Il y a le nu émotionnel.
C’est un registre que j’aime beaucoup aborder.
A une exception près, mes modèles sont des Dames qui posent nues pour la première fois.
Dans ce cas, le nu est émotionnel dans le sens où je fige sur la pellicule l’émotion de la personne qui se retrouve nue, pour la première fois, devant un objectif, plus précisément devant un artiste qui va transposer sa nudité en image.

C’est l’expression du visage plus que du corps nu qui exprime cette émotion. C’est aussi la position du corps qui est alors intéressante. En réalité, c’est la réactivité de la personne face à sa nudité exposée à autrui. Et cette nudité est naturelle, pas « manipulée » au sens où la modèle n’est pas guidée dans la pose mais qu’elle pose comme elle le sent.

Je la laisse agir par rapport à elle, pas en fonction de moi. Le photographe apporte alors un témoignage d’un instant de vie particulier, d’un franchissement de cap.
- Il y a enfin, le nu sensoriel.
Il se focalise sur la représentation des sensations que ressent la modèle par rapport à l’espace dans lequel elle évolue, cet espace changeant d’une séance de pose à l’autre. C’est une étude photographique du moi intérieur extériorisé, de la réaction de la modèle face aux éléments, aux situations.

Le nu intime et sensoriel, je ne l’explore qu’avec Annick sur base de nos inspirations et cercles de vie. Ces registres du nu n’appartiennent pas au nu naturisme et ce type de photographies n’a dès lors pas sa place sur ce blog. Non pas qu’elles soient inconvenantes, loin de là, elles font partie de plusieurs de mes expositions, mais parce qu’elles sortent du cercle naturiste et qu’il ne faut pas laisser prêter à confusion en faisant penser au visiteur d’un site naturiste que le naturisme, c’est aussi cela.
J’ai toujours écrit qu’il ne fallait pas mélanger les cercles de vie, ce qui n’empêche pas d’en parler.

Je ne l’explore qu’avec Annick parce qu’en ces registres, il ne s’agit pas d’un jeu de rôle, d’un simulacre mais bien de moments pleinement vécus pour que les photographies soient authentiques.
Pour ce faire, il faut qu’Annick soit libre d’esprit et surtout libre de ses faits et gestes.
Il faut aussi une compréhension réciproque des actes posés pour qu’il n’y ait pas de ma part création d’une ambiguïté par rapport à ceux-ci. Et donc, faire passer un message contraire à celle ou celui qui va regarder les photos.
La force d’être marié depuis tant de belles années permet de réaliser des photographies correspondantes à l’état d’esprit d’Annick, à sa manière de voir et de vivre les choses.

Le photographe que je suis se fait alors « absent » pour laisser Annick agir selon ses sensations. Mon attention ne se focalisant pas sur Annick en tant que telle mais sur l’image qu’elle m’envoie, sur l’inspiration qu’elle me procure. Ma volonté de faire de ce que cette image me donne comme message, des images baignées de ravissement et de vérité donnant plaisir à celles et ceux qui les regardent.

Enfin, quel que soit le registre dans lequel j’entre photographiquement, je suis toujours très attentif à rendre l’image recherchée, élégante, noble, et lorsque je suis dans des registres « intimistes » ou sensoriels, je recherche l’image qui porte à la réflexion, qui crée l’imagination plutôt que de montrer banalement les choses.

Voilà pour répondre à Laurent.

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