mercredi 15 décembre 2010

Naturisme et photographie (8)

Ouvrons, si vous le voulez bien, une parenthèse dans la suite des articles consacrés à ce sujet pour répondre à la question de Laurent laissée en commentaire sur mon dernier article.

« N'existe-t-il pas le cas où le photographe et le modèle sont tous deux demandeurs et où une symbiose parfaite rend inutile toute demande ? Ne serait-ce pas votre cas ? »

Non, ce n’est pas notre cas. Aussi étrange que cela puisse paraître.

Même si en réalité il y a deux demandeurs, en l’occurrence Annick en tant que modèle et moi en tant que photographe, il y a toujours à la base d’une prise de vue, une demande de l’un ou de l’autre.
Et la réponse n’est pas automatiquement positive.
En effet, il y a des jours où j’ai envie de photographier Annick et qu’elle n’en a pas envie ou, dans des cas particuliers, qu’elle ne le sent pas, ce jour-là.
L’appareil reste alors dans sa sacoche.

Par contre, lorsqu’Annick a envie d’être photographiée, qu’elle m’en fait la demande, je ne refuse jamais car c’est toujours un réel plaisir.
Pourquoi ?
Parce qu’elle est heureuse de poser et qu’elle s’en donne à cœur joie pour extraire des photos magnifiques.
La photographier lorsqu’elle n’en a pas envie donne des photos sans âme.

Ceci dit, il faut faire la distinction, comme dans l’article, entre photographier Annick dans ses instants naturistes et la photographier dans des thèmes particuliers, comme pour l’instant en préparation de ma prochaine exposition.
Nous le verrons dans les prochains articles consacrés à ce sujet : je peux avoir une idée que ne partage pas Annick.

Parce qu’au contraire de la nudité naturiste qui consiste à immortaliser des instants de vie naturiste où la pose est naturelle et spontanée, dans la pose non naturiste, on peut entrer dans des thèmes différents comme le nu artistique, la sensualité, le charme, l’érotisme, le fétichisme, par exemple.

Que l’idée vienne d’Annick ou de moi-même de travailler dans un de ces thèmes, elle s’appuie toujours sur une demande : que penses-tu de faire une séance de pose sur ceci ou cela ?

Ce fut le cas, par exemple, pour concrétiser l’idée d’Annick de travailler le mouvement du nu féminin à partir de la danse.

C’est mon exposition « Dance » et cette photo qui interpelle tant de personnes.
Annick voulait, en réalité, danser nue au milieu d’une piste de danse d’une boite de nuit avec ses éclairages d’ambiance. Elle choisirait les musiques et danserait pendant que je la photographierais.
L’idée me plaisait énormément, j’en voyais déjà le résultat mais il fallait la concrétiser.
Parce qu’au-delà de trouver la boite de nuit, ce qui paraissait réalisable sans trop de difficulté, il fallait qu’Annick puisse danser nue sous le regard d’autres, à commencer par le disc jockey (DJ).
Là, Annick était moins partante parce qu’elle voulait être libre de ses mouvements, exprimer pleinement les sensations que lui procureraient tant la musique que l’éclairage que sa nudité en mouvement.
Qu’il ne pourrait donc y avoir d’autre témoin que moi.
Lorsque l’on entre dans des thèmes particuliers, il faut qu’Annick puisse s’envoûter de la musique, des appels de son corps en s’évadant dans son moi intérieur sans être distraite par ce qui se passe autour d’elle.

Comme on peut le voir, nous étions tous les deux preneurs de la demande mais des contraintes extérieures venaient s’interposer à cette envie de réaliser une telle séance. La solution fut d’aménager un studio photo en piste de danse, avec les éclairages adéquats.

La symbiose parfaite, peut alors, se faire car toutes les conditions sont remplies pour qu’Annick puisse laisser libre cours à ses sensations, aller jusqu’au bout d’elle-même, parfois, au-delà d’elle-même.
Parce qu’elle est bien là, l’authenticité de la démarche lorsque l’on sort de la photographie naturiste : exprimer les choses telles qu’elles sont, telles qu’on les ressent, pas en les feignant !
Il ne s’agit pas de jouer la comédie mais de donner tout de soi.
Parce que derrière chaque demande, il y a un message que la photographie doit faire passer. Même et surtout dans la photographie naturiste. C’est la raison pour laquelle nous faisons bien la distinction, que ce soit dans nos articles que sur nos sites, des thèmes abordés en étant très attentif à ne pas les mélanger pour éviter toute ambiguïté.

Et cette symbiose se poursuit au-delà de la séance en elle-même, lorsqu’il s’agit de choisir les photos publiables, exposables et celles qui resteront du domaine privé.

Ce qui paraît facile, à la vision de nos sites, ne l’est donc pas d’office et toujours. Par contre, lorsque l’idée est partagée, ce qui est vivifiant, c’est de la concrétiser, étape par étape. La séance n’étant, en fin de compte, qu’un élément du processus.

Je prépare actuellement ma prochaine exposition qui s’intitulera « Les InstantAnnick ».
La genèse du projet vient de moi et est partagée par Annick.
J’en suis donc le demandeur.
Je me focalise sur l’Annick personne pour en dévoiler, par les images, ses différentes sphères de vie, comme j’aime le dire, les différents cercles, parfaitement cloisonnés pour ne pas dire hermétiques, dans lesquels Annick évolue librement et dont je suis le seul à pouvoir entrer dans chacun d’eux et y partager ses instants.

Ce sera donc une exposition qui présentera les diverses facettes d’Annick, la facette naturiste en étant un élément mais pas le seul. L’Annick pastelliste, sculptrice, modèle, épouse, maman, …, Femme avant tout, en sont d’autres. Nous discutons des heures entières sur les sujets à aborder. En réalité, ses sujets, ses sensibilités, ce que Charline LEMBOURG appelle « le seuil de son jardin intime ».

La chance est que nous partageons nos vies depuis près de 30 ans et que le discours est toujours ouvert, jamais censuré et qu’autant Annick que moi aimons, au travers nos arts, démystifier les tabous. Et qu’Annick, fidèle à elle-même est curieuse de tout et adore oser entrer dans des thèmes qui l’interpellent !

Les idées viennent des deux côtés, la préparation des séances de pose se fait à deux mais lors de la séance de pose, je ne suis pas un acteur, je suis simplement un témoin.
Annick prend la pose à son instinct, ce qui apporte cette belle touche de naturel et d’authenticité aux photos.
Une fois à la maison, nous commentons la séance, ses points positifs, ses points négatifs. Nous regardons les photos réalisées, pour procéder ensuite, à deux, à la sélection des photos qui feront l’objet de l’exposition ou qui seront publiées sur nos sites.
S’il n’y a pas consensus sur une photo, elle est écartée car, c’est d’Annick qu’il s’agit avant tout, pas de moi.

Le moment fort sera le vernissage de l’exposition, lorsque les invités découvriront les photos, en parleront avec Annick, avec moi. Avec toujours cette réalité, c’est que ce que vont regarder les visiteurs de l’exposition sont des moments de vie qu’ils ne partageront pour la plupart jamais qu’en dehors des images.

Il n’y a donc bien, au départ une demande basée sur un instant de vie ou une idée et ensuite, plus qu’une symbiose, une complicité qui permet d’œuvrer sur des thèmes intimistes au sens personnel du terme. Avec une volonté partagée de présenter, quelque soit le sujet abordé, les choses avec pudeur, émotion, authenticité, sensibilité et magnificence.

Voilà, dans le prochain article, nous reviendrons sur le lieu de pose.

1 commentaire:

  1. Voilà une réponse complète et intéressante à ma question. Merci beaucoup. En attendant votre prochaine exposition que je ne manquerai pas de visiter... ;-)

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