samedi 6 novembre 2010

Répondre à l’incompréhension.

« J'ai choisi le naturisme (comme sujet de mémoire scolaire), ce sujet m'interpelle et m'intéresse beaucoup.
Je ne suis pas naturiste pour le moment du moins. L'idée ne m'est pas venue non plus par hasard. Cet été, je me promenais en montagne avec 2 amis et au détour d'un chemin on croise un groupe de personnes nues ! Je suis franchement restée choquée et bête alors que eux étaient tout à fait naturels, joyeux et on pouvait ressentir beaucoup de sérénité. En entendant les commentaires de mes amis du style c'est une bande de pervers, de fous, etc.., je me suis vraiment rendue compte qu'il y avait une grosse incompréhension et que le sujet méritait qu'on s'y attarde.
»

Cet extrait d’un message privé m’adressé par une jeune fille est intéressant car il touche à la problématique de l’incompréhension du naturisme par les non-naturistes. Et donc, à notre devoir d’explications.

Car l’incompréhension du non-naturiste face au naturisme émane principalement de la nudité, cette nudité que la majorité des gens attache exclusivement à la sphère privée et à sa connotation sexuelle. Sans s’imaginer qu’il puisse avoir d’autres nudités comme l’explique Annick sur son blog artistique.

Dès lors, il nous appartient de répondre à cette incompréhension en étant à l’écoute des non-naturistes et en apportant des réponses claires et sans langue de bois à leurs questions, à toutes leurs questions. Car toute question est légitime, en quelque domaine que ce soit. Une question, en fin de cause, à toujours sa raison d’être, comme cette jeune fille le souligne à merveille.


Le respect des non-naturistes est fondamental dans notre démarche naturiste. Pour être respecté par l’Autre, il faut d’abord le respecter. Pour être compris par l’Autre, il faut d’abord se faire comprendre. Surtout, ne rien imposer.
Un naturiste n’a rien à cacher de sa pratique naturiste. Nous avons tout à gagner à expliquer notre pratique naturiste. A qui le souhaite.


J’évoque souvent cette démarche qui vise à ne pas rejeter le (et/ou la) non-naturiste qui vient vers nous, même sur une plage naturiste. Son maillot de bain ne cause aucun problème pour Annick et moi. Qu’il ou elle nous voit nus ne nous dérange en rien. Il ne vient pas vers nous comme un voyeur, il n'a pas de jumelles, ne se cache pas derrière un arbre, ne porte pas des lunettes solaires. Il vient comme une personne souhaitant comprendre notre démarche par le dialogue. Sa démarche est directe, courtoise, respectueuse et souvent précédée par : je ne vous dérange pas ?


C’est là où la démarche de cette jeune fille est tout à son honneur ! C’est magnifique, fabuleux ce qu’elle fait ! Elle va à la recherche de ses incompréhensions, préférant la lumière plutôt que de rester dans l’obscurité de l’inconnue.


Cette jeune fille nous conforte que les jeunes ont leur place dans le naturisme d’aujourd’hui si nous les écoutons et si nous répondons à leurs interrogations et attentes. Cette jeune fille mérite toute notre admiration car elle ose aborder, dans un travail scolaire, un sujet qui est délicat, difficile, emprunt de préjugés, de tabous, …, d’interdit ! Elle ose parler du naturisme là où des adultes naturistes préfèrent, au nom du quand dira-t-on, taire le fait qu’ils le sont. Comme s’ils étaient atteints d’une maladie honteuse ou déviante.


C’est la preuve que nous avons tout intérêt à faire confiance à notre jeunesse mais surtout à écouter ses questionnements sur le naturisme. Qu’ils proviennent de notre jeunesse ou non, par ailleurs. Tout questionnement sur le naturisme mérite intérêt et réponse.


Alors, à très juste raison, cette jeune fille a été choquée de se retrouver face à face avec des promeneurs nus dans un espace non consacré à cette pratique. L’effet de surprise est désagréable pour celles et ceux qui ne sont pas adeptes du naturisme. Et de nos jours, il faut en être conscient, la nudité reste un tabou. Il nous doit donc d’éviter de choquer les non-naturistes lorsque nous errons dans des espaces non autorisés au naturisme.


Mais au-delà, cette jeune fille est interpellée par le fait que ces promeneurs nus étaient tout à fait naturels, joyeux et qu’on pouvait ressentir beaucoup de sérénité. Cela développe chez elle, une interrogation et elle désire en obtenir plus de renseignements ! Pourquoi ce naturel ? Pourquoi cette joie ? Pourquoi cette sérénité ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Tous ces pourquoi qui hantent les esprits de ceux qui ne pratiquent pas le naturisme. Comme dans bien d’autres domaines ? Ces « pourquoi » que je me pose devant le plan incliné de Ronquières, devant une collégiale, devant tant et tant de choses ? C’est « pourquoi » auquel je passe le temps nécessaire à comprendre avant de vous apporter mes réponses.


Nous rions Annick et moi sur un sujet quotidien : pourquoi on appelle à certains moments une église, une collégiale, une basilique, une cathédrale ? Nous allons avoir l’occasion de vous l’expliquer car c’est très intéressant et en rien anodin.


Cette jeune fille est riche d’elle car elle ne souffre pas d’obscurantisme mais d’ouverture d’esprit. Elle est curieuse, cette curiosité qui fait la force d’être, la richesse d’être sans s’arrêter à ce que les autres proclament comme bien ou mal ! Elle veut savoir pour se faire son propre jugement ! En réalité, elle est libre de cette liberté d’esprit et d’être que revendiquent les naturistes !


Alors plutôt que de hurler au scandale, de juger, de dénoncer, de rejeter, ou d’insulter comme ses amis, cette jeune fille s’interroge et vient vers nous. Pour essayer de comprendre le pourquoi et le comment des choses. Et comme elle l’écrit, elle n’est pas naturiste, du moins pour le moment.


On est bien là dans le questionnement de toutes celles et de tous ceux que le naturisme interpelle, ne sachant pas trop si, oui ou non, elles ou ils pourraient y venir ! Et si oui, comment ? D’où l’importance, au-delà de l’écoute, de l’accueil réservé aux non-naturistes.


Pour Annick et moi, il est de notre « devoir » de répondre à son questionnement. Comme nous ne refusons jamais de répondre à la demande de journalistes sur ce sujet. Comme nous répondons toujours à celles et ceux qui nous interrogent sur notre naturisme.


Cela parait évident et pourtant ! Je viens de recevoir un courriel d’un non-naturiste belge qui désire découvrir cet art de vivre, en pratique. Cet homme se tourne vers nous parce qu’en désespoir de cause, il ne sait plus où s’adresser après avoir communiqué, écrit-il, plusieurs courriels à la fédération belge de naturisme pour obtenir des réponses à ses questions essentielles sur l’adhésion à un club naturiste. Dépité, cet homme n’a, dit-il, jamais obtenu de réponse, même pas un simple accusé de réception.


Voilà bien un problème. Le non-naturiste qui se pose des questions et qui entreprend la démarche de les poser à un naturiste (que ce soit une fédération, une association, un club ou un individu) s’attend à une réponse. Ne pas lui répondre est simplement un manque de respect à son égard, donne au naturisme une image négative, fermée, secrète. Comme si nous avions quelque chose à cacher, à taire.


Pour notre part, nous lui avons répondu dans la journée, comme à cette jeune fille, et ce n’est pas un hasard s’il nous a posé d’autres questions en retour. C’est une démarche normale et naturelle. Au même titre qu’Annick explique à celles et ceux qui l’interrogent sur la manière de réaliser ses pastels ou sur sa démarche de modèle nue. Comme je réponds à tout qui m’aborde au sujet de la photographie, entre autres.


Cela me fait penser à un Monsieur qui est venu voir l’exposition d’Annick. D’entrée de jeu, il nous précise qu’il a entendu parler de nous avec tant de méchanceté qu’il voulait se faire, lui-même, son propre jugement. Une heure et demie après une longue discussion au cours de laquelle tant Annick que moi lui avons donné toutes les réponses à ses nombreuses questions, il nous a quitté en disant : celles et ceux qui ne savent pas préfèrent salir que d’essayer de comprendre. Ce que vous faites est fantastique et entier, je reviendrai mais surtout, je le dirai autour de moi.


Osons donc, sans complexe, sans censure, dialoguer avec les non-naturistes qui s’intéressent à nous, sans les choquer, sans les brusquer. Le naturisme est un art de vie sain, épanouissant mais qui demande de franchir bien des barrières, parfois hautes, à commencer par celle de la nudité collective. Ce sont ces barrières qui causent l’interrogation des non-naturistes. Aidons-les à les franchir, sans provocation, sans moquerie, sans exclusion. Avec ce qui fait la beauté du naturisme, l’humilité, la convivialité, le bien-être d’être.


Merci à cette jeune fille de nous avoir fait confiance en la matière.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire