lundi 17 mai 2010

Doit-on aller à l'encontre de l'esprit naturiste ?

Permettez-moi de répondre à ce lecteur agissant sous le couvert de l’« anonymat » qui laisse le présent commentaire sur l’article intitulé « Le corps à l'état naturel, nu » : « Vous auriez pu ajouter et rasé !! Et donc, il n'est plus à l'état "naturel".....Ce qui va totalement à l'encontre de l'esprit naturiste ! Sans rancune.... ».

Pourquoi éprouverais-je de la rancune face à un commentaire qui relève du droit d’expression de chacun(e) face à un article de ce blog ? Ce blog prône un naturisme libre, pas une censure naturiste non fondée.

Je me permettrai toutefois de me prononcer à son sujet. En effet, comme pour tout, il y a l’esprit et la réalité évolutive des choses. Heureusement ou sinon, le naturisme vivrait sur des bases dépassées et non adaptées à l’évolution de notre société d’aujourd’hui. Il s’éteindrait comme il est né.
Mais je serai d’accord avec ceux qui disent qu’il ne peut évoluer n’importe comment mais pas dans un sectarisme impraticable.

Et je ferai, dès à présent, une différence fondamentale entre l’adoption naturelle de la nudité et les comportements de gens vivants, exceptionnellement, nus.

Le naturel d’un corps nu, dans le naturisme, serait exclusivement respecté si et seulement si, le ou la naturiste n’intervient en rien dans le développement naturel de ce corps ! Dès lors que la personne intervient artificiellement dans le développement naturel de ce corps, elle va à l’encontre de l’esprit naturiste. En d’autres termes, cette personne ne peut être une naturiste.

C’est de la pure utopie sachant que tout être humain, ne fut-ce que pour lui-même, sauf à se renier, à se dévaloriser, recherche à parfaire son image. Qu’il doit, dès son plus jeune âge, accepter cette image avant d’accepter le regard de l’autre, même habillé. Chacun(e) a vécu cette étape et sait ce que cela représente, …, psychologiquement.

Alors, laissons à l’image son droit d’expression individuelle.

Personnellement, il m’intéresse aucunement de savoir, lorsque je me trouve en milieu naturiste, si les personnes qui partagent avec moi cet espace soient rasées, percées ou tatouées. Ce n’est pas mon problème et je ne fréquente pas un espace naturiste pour faire de l’analyse anatomique comparée et juger ce qui est naturistiquement correct et ce qui ne le serait pas en ce domaine !

Nous avons passé, l’an dernier, au Champ de Guiral, plusieurs heures en compagnie de ses propriétaires, Monique et Joël, naturistes convaincus et confirmés. Ne me demandez pas à quoi ressemble Monique nue, je ne saurais pas vous le dire. Mais si vous me demandez si elle est accueillante, souriante, conviviale, sympathique, participative dans les sujets de conversation, passionnée dans l’entretien de ses parterres, amoureuse de ses plantes, là, je pourrai vous répondre.

Nous étions là pour passer de vraies vacances naturistes, dans un vrai climat naturiste, dans un espace conçu pour le naturisme par des naturistes. Pour rien d’autre.

Mais si je me penche sur le contenu de ce commentaire, je crois qu’il y a alors très peu de naturiste sur notre planète.
En effet, je ne serais pas naturiste car je ne laisse pas mon corps à l’état « naturel » puisque tous les matins, je me rase la barbe. Qu’une fois par mois je vais chez le coiffeur me couper les cheveux. Que je mets, chaque jour, du déodorant pour ne pas indisposer mes voisins. Attention, que je me coupe les ongles des mains et des pieds ! Je ne laisse donc pas agir naturellement la nature, ce qui s’éloignerait de l’esprit naturiste.

Annick ne serait pas une vraie naturiste parce qu’elle va chez la coiffeuse régulièrement, qu’elle se maquille légèrement chaque matin, qu’elle rase ses poils sous les aisselles, qu’elle s’épile les jambes et oui, c’est son droit le plus strict, qu’elle entretient à sa vision son pubis, qu’elle porte pour les raisons qui sont siennes et c’est son droit le plus strict, deux piercings. Non, désolé, elle ne porte pas de tatouage car elle n’aime pas cela mais ne critique pas celles et ceux qui en portent !

A y penser, les dames naturistes qui portent des boucles d’oreille ne sont pas naturistes puisqu’elles habillent leur corps, en quelque sorte ? Tient, et que dire de celle ou celui qui porte une alliance ou une bague ou une chaine ?

Soyons, simplement respectueux de l’autre, tolérant et compréhensif. Et ne donnons pas au corps nu, une image unique. Comme la pensée unique n’apporte rien à l’évolution de la pensée.

Une personne, que ce soit de sexe masculin ou féminin, vient vers le naturisme à sa façon et selon les circonstances. Elle y vient avec son état d’esprit, ses acquis, ses appréhensions, ses préjugés. Avant de se dévêtir pour pratiquer le naturisme, elle a déjà ses propres critères de beauté, d’esthétique et pour les femmes, de féminité. Comme je l’ai souvent écrit, dont dans cet article, elle veille ou non à sa façon d’être, à son image. Ne fut-ce et à commencer, pour elle !

Et lorsqu’elle découvre les vertus du naturisme, le bien-être que lui apporte la nudité, c’est à elle et à personne d’autre d’adapter sa façon d’être et son image par rapport à son seul ressenti ! Et ce ressenti diffère d’une personne à l’autre, heureusement.
L’important est qu’elle se sente bien dans sa peau et vive pleinement de cet art de vivre.

Parce que le naturisme n’est pas une religion. On n’y entre pas sous les ordres, pour faire abstraction de soi pour se soumettre aux dictats de certain(e)s doctrinaires. Le naturisme est un art de vie épanouissant qui ne peut nuire à la liberté d’être de chacun d’adopter l’image corporelle qu’il tient à lui donner.

J’ai eu la chance de voir Annick s’émanciper, s’épanouir grâce, en grande partie, au naturisme. Comme je l’écris dans les articles sur son évolution pas à pas, je l’ai vue se transformer, prendre confiance en elle, s’ouvrir aux choses de la vie parce que certains préjugés, verrous, interdits, tabous s’ôtaient, pas à pas, de sa vie ! A commencer par celui de la nudité familiale et collective.

Devait-elle, face à ces interdits, ces tabous, devoir soudainement se soumettre à d’autres interdits comme celui de pouvoir intervenir sur l’état naturel de son corps nu ?
NON !

Lorsque j’ai fait découvrir le naturisme à Annick, je ne me suis pas posé de question sur son aspect physique. Elle était comme elle était. Il suffisait de lui permettre de lui ouvrir les portes de la nudité privée ou publique. Chaque étape de cette ouverture vers la nudité à donner lieu à une autre vision de sa nudité qu’elle a réalisée. Parce que pour vivre nue en collectivité, il fallait d’abord savoir vivre nue avec elle-même et ensuite face à moi !

Et si vivre nue en n’étant pas épilée, par exemple, avait pour effet de l’éloigner de cette saine nudité et donc de s’abstenir de vivre d’un art qui ne s’attache pas à la vision de la nudité mais bien aux bienfaits intérieurs qu’elle apporte ?

J’ai vu Annick se révolter lorsque nous venions de nous affilier dans un club naturiste pour pouvoir partager ses activités sportives et sociales avec les autres membres et qu’elle s’est vu interdire l’accès à la piscine parce qu’elle était partiellement épilée et surtout, crime contre le vrai naturisme, portait un piercing !

De ce naturisme là, Annick et moi n’en voulons pas parce que nos valeurs sont ailleurs. A commencer par le respect d’autrui et surtout sa liberté d’être. Le naturisme est une ouverture d’esprit et non un enfermement dans une notion aussi bête que celle de l’état naturel du corps nu donc, sans pouvoir l’adapter à l’image que l’on veut donner de soi, à soi et aux autres.

Attachons-nous plutôt à défendre d’autres valeurs du naturisme, lesquelles dérapent depuis qu’on laisse confondre naturisme et sexe collectif, qu’on laisse donner cette image désolante de débauche collective de « Cap d’Adge ». Entre autres.

Attachons-nous à combattre certains comportements dans les espaces naturistes, comportements déviants qui font que certaines autorités publiques prennent la décision de fermer certaines plages naturistes.
Nous étions récemment en côte d’Opale. Certains d’entre nous se souviendront de la belle plage naturiste de Zuycoote et de la raison pour laquelle elle est, aujourd’hui, interdite à la pratique du naturisme.

Ce n’est donc pas l’état naturel du corps nu qui importe mais bien le comportement déplacé de personnes qui se cachent sous le vocable « naturiste » pour le dénaturer et priver les vrais naturistes des espaces qui leurs sont consacrés pour vivre sainement et en famille leur art de vivre. Et qui dénaturent par la même occasion l’image du naturisme et des naturistes.

Battons-nous aujourd’hui contre ces promoteurs peu scrupuleux de l’esprit naturiste qui transforment un naturisme familial en un naturisme mercantile et dépravé ! Où l’on ne parle plus de naturisme mais de rendement sur investissement. Que le politique s’empare de ce naturisme qu’il ne voit uniquement sous l’aspect commercial de la pratique de celui-ci pour promouvoir le développement économique et touristique sans même se soucier de l’existant et surtout des associations naturistes ! Que dire qu'ils se soucient, en rien, de l'esprit naturiste. Que l’on ne parle plus de nature, de préservation de la nature, de tourisme vert mais de béton, de discothèque et j’en passe ! Le naturisme pognon sans éthique.

En tout état de cause, par notre blog, nous continuerons à tenter de montrer à tout un chacun, qu’une famille naturiste n’est pas une famille de pervers mais une famille comme les autres, qui vit comme les autres en ayant simplement adopté la nudité dans son art de vie et son attachement à la nature. Que cette nudité librement vécue ne peut être contraignante au niveau esthétique car toute contrainte est nuisible à l’épanouissement, à la liberté d’être.

Que le naturisme n’est pas avilissement, exclusion. Qu’il est épanouissement pour tout qui le vit, qu’il soit petit ou grand, maigre ou corpulent, blanc ou noir, hétéro ou homosexuel, célibataire ou marié, rasé ou non, tatoué ou non, handicapé ou non, croyant ou non croyant. Tant que son comportement reste sain et respectueux à l’égard de toutes et de tous. Car faut-il le rappeler, la nudité n’a pas, dans le naturisme, de connotation sexuelle, ce que certaines et certains oublient trop souvent.

Et l’état naturel que l’on donne à son corps nu fait partie intégrante de cet épanouissement. Jamais, je n’imposerai à Annick de revenir sur la manière dont elle a décidé, un jour, d’assurer sa nue corporalité. Je nuirais aux valeurs naturistes que je lui ai faites découvrir. Je nuirais à mes valeurs fondamentales liées à ma libre pensée.

Soyons respectueux et tolérants pour ne pas ressembler à celles et ceux qui discréditent, sans connaître, les vrais vertus d’un bel art de vivre, le naturisme.

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