mardi 2 février 2010

Vacances naturistes (28).

Continuons notre longue et fatigante descente de la Dordogne en canoë en s’arrêtant un instant au pied du château de CASTELNAUD.

Et en profiter pour faire un peu d’histoire.
Avec le château de Castelnaud, nous sommes assez loin de l’élégance du château de Fénelon que nous vous avons présenté dans un précédent article.
Il s’agit en effet d’une forteresse médiévale, strictement dévolue à la guerre, hier comme aujourd’hui puisque il abrite un musée de la guerre au Moyen Âge.

Fondé au XIIe siècle, sa situation a été choisie en connaissance de cause : sur une hauteur, le château de Castelnaud domine la vallée de la Dordogne et fait face à son rival, le château de Beynac. Que nous verrons dans quelques instants après à notre arrivée à la plage terminale de notre descente.

Au début du XIIIe siècle, les cathares voient leur hérésie se répandre largement dans le Sud-ouest de la France, y compris à Castelnaud.
Son seigneur est un partisan de cette foi.
Les « purs » admettent deux principes, celui du Bien, exclusivement spirituel, et celui du Mal, matériel. Il s’agit donc pour eux de rejeter tout attachement aux plaisirs terrestres, et d’attendre la mort afin de se fondre en Dieu. Doctrine austère, le catharisme est aussi une réaction aux abus de l’église catholique et à sa richesse et en vient donc à rejeter les sacrements romains.

C’est ainsi que les « purs » s’attirent les foudres du pape Innocent III qui, inquiet pour l’unité du dogme, ordonne la croisade dite « des Albigeois » en 1209. C’est à Simon de Montfort qu’est confiée la direction des opérations : en 1214, il prend Castelnaud et le remet au roi de France.

En 1250, Louis IX restitue la seigneurie à son seigneur, Aymeric.
Neuf ans plus tard, lors du traité de Paris, afin de mettre un terme aux conflits incessants entre Français et Anglais qui suivirent le remariage d’Aliénor d’Aquitaine, le même Louis cède, avec l’Aquitaine, Castelnaud à Henri III, roi d’Angleterre.
Celui-ci devient cependant vassal du roi de France pour la région et doit au surplus lui céder la Normandie, le Maine et d’autres fiefs.
C’est à cette époque que le château est complété : le donjon et la courtine sont construits.

L’accalmie n’est pourtant qu’apparente, car si Castelnaud monte en puissance, Beynac n’est pas en reste. À cela s’ajoute que Beynac tient pour le roi de France tandis que Castelnaud en pince toujours pour l’Anglais de sorte que les rapports ne pouvaient manquer de s’envenimer.
Avec la guerre de Cent Ans, les affrontements ne sont plus de simples rodomontades : Castelnaud est pris cinq fois par les Français et repris aussitôt par les Anglais.

Il faut attendre 1442 pour que Charles VII, excédé, décide d’en finir et confie le commandement de l’expédition décisive à Pons de Beynac. Les Anglais sont chassés de Castelnaud.

Entretemps, Castelnaud est tombé en quenouille et l’unique héritière, Magne de Castelnaud, apporte la place aux Caumont par son mariage avec Nompar.
Les Caumont garderont le château jusqu’à la Révolution.

En effet, après sa victoire, Charles VII restitue Castelnaud aux Caumont, du moins à Brandelis de Caumont – son frère aîné a dû s’exiler en Angleterre.
Ils mettront à profit ces trois gros siècles pour reconstruire Castelnaud et l’agrandir. Les différents travaux de fortifications, dont la grosse tour d’artillerie de 1520, n’auront pourtant qu’un rôle dissuasif, puisque Castelnaud ne sera plus attaqué, même pendant les guerres de religion.

Il faut dire qu’à cette époque, peut-être plus dissuasive encore que la tour d’artillerie, était la renommée de Geoffroy de Vivans, capitaine à qui les Caumont avaient confié la garde de Castelnaud.
Guerrier redouté, compagnon d’Henri IV, sa réputation a suffi à écarter tout danger.
Mais petit à petit, les Caumont se détournent du confort spartiate de cette place trop militaire, l’abandonnent, de sorte qu’on s’en sert comme d’une carrière de pierres après la Révolution.

Restauré depuis 1966, il abrite aujourd’hui un musée de la guerre qui regroupe une quantité impressionnante d’armes en tous genres, de l’arbalète de poche à un engin capable de projeter de véritables javelots, des couleuvrines et bouches à feu variées, dont l’ancêtre improbable d’une mitrailleuse, des épées, hallebardes, armures, cottes de mailles, et des armes de siège grandeur nature, trébuchets, perrières, etc.…

Continuons notre descente vers le terminal : BEYNAC.

A suivre, ...

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