vendredi 21 septembre 2012

Loin des mots, la réalité.

 Bonjour à tout le monde,

« La nudité est autorisée partout en Espagne ». Cela, ce ne sont que des mots.

Lors de notre premier séjour sur l’île de Fuerteventura, nous avions déjà fait le constat que la réalité était tout autre que les mots. Que même si la nudité est autorisée partout en Espagne, sa pratique n’est pas aisée partout si on tient compte d’une des valeurs essentielle du naturisme : le respect de l’autre, l’autre étant ici, la population locale.

Qu’à l’exception de la splendide plage de Sotavento, nous n’avions pas vu âme de naturiste et encore moins de monokini ! Et que si nous avons pu pratiquer notre naturisme sur certaines autres plages, c’est tout simplement parce que nous étions seuls.

Ceci s’est confirmé cette année sur les îles de La Gomera et La Palma ! Force est de constater que nous n’avons vu aucun naturiste et qu’à deux exceptions près, nous n’avons pas vu de monokini ! 


 Mais le plus fou, nous l’avons rencontré à La Palma ! Clairement répertoriée tant sur les sites touristiques officiels que sur les cartes routières comme plage naturiste, nous nous sommes rendus à la « playa de las Monjas » près de Puerto Naos. En réalité, cette plage se trouve sur la route menant de Puerto Naos à El Remo.

C’est là que commence l’aventure !

En effet, cette route d’une bonne dizaine de kilomètres est bordée de chaque côté de plantations de bananes protégées par des murs en blocs de béton trônant sur une hauteur de plus de quatre mètres. A chaque coin d’allée, des caméras de surveillance scrutent les allées et venues dans la rue. Un véritable décor de film policier. En fait, un décor froid et inamical !

Nous cherchons ce qui est décrit comme un sentier bordé de bananiers qui mène à la dite plage et qui se trouve à environ un kilomètre et demi de Puerto Naos. Nous pensions que celui-ci serait indiqué par un panneau indicateur comme la plupart des plages de l’île.

En vain ! 


 Nous interrogeons un cultivateur qui nous explique en espagnol que nous sommes trop loin et montre du doigt un bâtiment qui serait le coin de ce sentier.
Nous cherchons, ne trouvons pas car sur le mur de ce bâtiment est appliqué une pancarte sur laquelle il est indiqué : « Pista privada – pase solo para peatones por su propio riesgo ».
Ce qui veut bien dire ce que cela veut dire.

Nous demandons à un ouvrier qui met en couleur des bornes d’eau où se trouve la plage et il confirme qu’il faut y accéder par ce sentier privé !

 Etrange !

Car ce sentier qui est une allée entre deux plantations de bananes n’a rien de rassurant et encore moins d’accueillant.

Il est aussi bordé de hauts murs en béton protégeant les plantations de bananes. Et il n’y a pas âme qui vit. Un véritable coupe-gorge.

Nous décidons néanmoins de l’emprunter pour aller passer l’après-midi sur cette seule plage naturiste de l’île.

 Surprise totale !

Nous tombons sur des barrières qui ferment l’accès à la plage. Deux panneaux, dont un en anglais indiquent : « Danger. Rockfall. No entering on the beachour apologies for the inconvenience » .

C’est à ce moment qu’une voiture arrive, qu’un homme en descend et nous demande ce que nous faisons là, en espagnol. On tente de lui expliquer que nous cherchons la Playa de Las Monjas. Il confirme que nous y sommes bien mais que son accès est strictement interdit et que la police applique des amendes sévères à qui enfreint cette interdiction. 

Il ajoute qu’au-delà de cette interdiction, l’accès à la plage est périlleux, qu’il faut pratiquement être un alpiniste pour y accéder ! 

En effet, du haut de la falaise, nous constatons qu’il faudrait passer de rocher en rocher pour y arriver puisqu’il n’existe pas d’escalier d’accès comme sur les autres plages. Nous y reviendrons. Mieux, la plage très étroite est composée uniquement de gros galets. Donc, la baignade doit y être dangereuse. Ce que confirme l’homme.


La rage s’empare intérieurement de nous. Nous rebroussons chemin et poursuivons notre route vers El Remo. 

Nous parcourons quelques centaines de mètres et nous découvrons une route asphaltée qui mène à un vaste parking. Nous nous garons. Une véritable rampe pavée mène à une grande plage de sable fin noir. 

Nous sommes sur la playa de Charco Verde.
Nous sommes soufflés ! Cette plage est parfaitement aménagée avec restaurant/buvette avec terrasse couverte. Elle est nantie d’un véritable terrain de beach volley et bénéficie d’une surveillance journalière par deux secouristes. Inutile de dire qu’il y règne une propreté sans faille, qu’il y a des poubelles partout.

Le contraste entre ces deux plages voisines est saisissant !

Pour les naturistes, un trou à rat dangereux et non entretenu avec, en prime, l’accès à la plage interdit car dangereux. Sans dire que pour garer la voiture, c’était à front de rue en l’absence de parking.
Pour les non-naturistes, une plage par excellence avec accès aisé et sécurisé.

Deux poids deux mesures qui démontrent tout le respect des autorités pour les naturistes.

Pour Annick et moi, c’est un constat amer par rapport à la manière dont les hollandais traitent avec respect les naturistes. Aux Pays-Bas, comme nous vous l’avons souvent montré, les plages naturistes sont aménagées avec la même attention qu’une plage non-naturiste. Et elles sont clairement indiquées.

C’est, dans le cas présent, quelque part, de la discrimination car on parque les naturistes là où les non-naturistes ne veulent pas aller se mouiller ! Et ensuite, on les prive de plage, tout simplement.

Et je pousserai le raisonnement plus loin. Nous sommes allés sur cette plage non-naturiste de Charco Verde. Je portais un maillot et Annick, pour cause, était en monokini. Je vous passerai les regards désobligeant des gens qui nous entouraient car Annick était la seule à être les seins à l’air libre. Sur cette plage, le maillot une pièce et le bikini règnent en maître ! En précisant que ces gens étaient en majorité des allemands.

Nous sommes partis rejoindre la terrasse de notre gîte. Là, au moins, nous pouvions vivre de notre naturisme, en toute tranquillité !

Alors, les mots sont une chose, la réalité est toute autre. Clamer que la nudité est autorisée partout en Espagne est facile si et seulement si sa pratique serait aussi aisée que les mots tant en mentalité qu’en accessibilité. 

Mais maintenant, nous allons vous présenter notre voyage car, au-delà de ce constat, nous avons vu de très belles choses. 

1 commentaire:

  1. C'est édifiant ça! Quelle honte!

    Merci pour ce beau comte rendu.
    @+

    Christophe

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