lundi 9 février 2009

Jo Myns, la nudité sculpturée.

« C’est grâce au naturisme que j’ai commencé à sculpter des corps de femmes nues, il y a 25 ans, en me servant, comme modèles, de photos trouvées dans « La Vie au Soleil ».

Jo MYNS, pseudonyme pour Johan Van der Mynsbrugge, a accueilli dans sa charmante demeure de Waasmunster, en Belgique, Annick TERWAGNE, pastelliste et Jean-François COLLIGNON, photographe, pour leurs accorder un entretien exclusif.

Comment vous est venue cette passion pour la sculpture ?
«Par le plus parfait des hasards. J’étais bloqué depuis plusieurs jours à la maison par une vilaine entorse. J’ai alors demandé à mon épouse d’aller acheter un bloc de terre. Face à celui-ci, je me suis mis à essayer de sculpter pour trouver une manière d´exprimer ma source d´inspiration, le corps humain. »

Pourquoi le corps humain ?

« Mon épouse et moi pratiquions le naturisme depuis plusieurs années. Nous aimions nous rendre sur la plage de Groede (aux Pays-Bas). C’est d’ailleurs sur cette plage que j’ai exposé pour la première fois mes sculptures. Le corps humain nu était, tout naturellement, ma source d’inspiration. »

Le corps humain, femme comme homme !

«Exact, je ne me limite pas aux femmes. J’avoue que les hommes que je fais sont minoritaire, mais je trouve important de sculpter les deux. Le corps humain et la nudité, ce sont les hommes et les femmes, même si les hommes sont beaucoup plus difficiles à réaliser car la plupart des gens ne sont pas habitués à la nudité masculine. C’est cela qui fait que choisir une pose pour un homme est très délicat. D’un côté, cela peut être très vite choquant, de l’autre côté cela peut être vite trop féminin. La marge qui reste est assez étroite. Mais, il ne faut pas reculer devant la difficulté. »

Vous êtes un parfait autodidacte ?

« Oui ! Durant 10 années, je me suis appliqué, dans mon atelier à parfaire mon art. Mais, je n’étais pas satisfait du résultat. Je me suis alors inscrit à l´Académie des Beaux-Arts de Hamme (B), à quelques kilomètres de la maison. J’y ai suivi des cours sur modèle vivant durant 8 années pour maîtriser ma connaissance des matériaux. »

Une académie, c’est une école !

« Oui et non. L’académie m’a laissé faire ce que j’avais envie de faire. Et les professeurs étaient là pour me donner des conseils et non pour m’imposer quoi que ce soit. J’y ai surtout appris une grande chose : apprendre à regarder. La difficulté pour réaliser des sculptures n’est pas de la réaliser mais de parfaitement voir ce qu’il faut faire. Etre attentif aux moindres détails. Prendre le temps de bien regarder pour ne pas mettre la poitrine à la place du nombril, par exemple. Ou les yeux à la place du nez. »

Quel but poursuivez-vous au travers vos sculptures ?

« J’ai la chance de jouir d’une indépendance financière qui fait que l’art n’est pas un besoin pour moi. Mon but est donc de faire ce que j’aime faire en prenant beaucoup de plaisir à le faire. »

Plaisir qui se traduit dans vos sculptures.

« Oui ! Une sculpture, c’est l’âme de l’artiste et l’énergie qu’il met à la réaliser. C’est pour cela que je ressens toujours une drôle de sensation lorsque j’en vends une. J’ai l’impression de perdre une amie. »

Mais, il faut bien vendre pour pouvoir continuer à en réaliser d’autres !

«C’est exact car j’avais deux rêves. Le premier consistait à réaliser des sculptures en grandeur nature. Le second était de les réaliser en bronze. Et là, le coût est exorbitant ! J’envisage pour l’instant de réaliser la sculpture en bronze de cinq ballerines qui dansent ensemble. L’estimation du coût de fabrication s’élève à 50.000 euros ! Si je dis à mon épouse que je vais les prélever sur les revenus du ménage, je crois qu’elle va m’assassiner ! »

Comment avez-vous fait pour les vendre ?

« C’est une veille histoire. Dans le village est venue s’ouvrir une boutique « bric à brac ». Il y avait dans un rayon un buste d’homme en plâtre. J’ai expliqué au boutiquier que je sculptais des femmes nues en terre. Pourquoi tu ne vends pas, m’a-t-il dit ? Je lui ai répondu que si je vendais, je n’aurais plus mes sculptures. C’est là que m’est venue l’idée de réaliser des copies de mes sculptures. »

Par moulage ?
« Oui ! Au départ, c’est anecdotique, j’ai utilisé une vieille friteuse pour fondre mes premiers moules. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. »

Et aujourd’hui, comment faites-vous pour vendre vos sculptures ?

« J’ai essayé plusieurs méthodes dont celle qui fonctionne très bien, les salons des jardins. Cela a un grand succès parce que les visiteurs qui fréquentent ces salons sont très intéressés.Je les place aussi dans des saunas, des thermes ou de grands hôtels. Je crois que c’est comme cela que vous m’avez connu. »

Oui. Nous avons été attiré par vos sculptures installées un peu partout dans les thermes comme de vrais personnages en situation. Comme cette femme assise au bord de la piscine ou l’équilibriste au bord de l’étang. Nous voyons que votre maison et votre jardin s’agrémentent aussi de vos sculptures. J’aime cette femme couchée sur la table du salon qui regarde la télévision ou ces danseuses dans votre jardin.

« C’était notre volonté à mon épouse et moi. Je trouvais que les salons et les autres espaces n’étaient pas suffisants, ne correspondaient pas vraiment à ma vision de la relation artiste/acquéreur. J’ai alors, pendant un an, réaménagé le jardin en fonction de mes statues pour en faire un jardin d’exposition. »

Ouvert au public ?
« Oui, deux fois par an. Nous organisons, le dernier week-end de juin et le premier week-end de juillet, un « atelier découverte » pour expliquer au public comment on réalise une sculpture. Parce qu’il est très important d’expliquer aux gens d’où vient le coût d’une sculpture. La somme de travail que cela représente. »

Et en d’autres temps ?
« J’aime y recevoir les gens intéressés par mon travail. J’adore discuter avec eux, leur montrer ce que je fais, comment je le fais. J’aime la chaleur qui se dégage de ces entretiens, la joie qui se dessine sur le visage des acquéreurs lorsqu’ils repartent avec une sculpture. Chaque fois, c’est pour moi, un moment de fête car je sais qu’elle va être bien. Et lorsque je vends une grande sculpture, j’aime la livrer moi-même, voir où elle est installée et boire une bonne coupe de champagne avec ses nouveaux propriétaires pour fêter l’événement. »

Jo, la simplicité, la convivialité, l’hospitalité qui s’ajoute à un talent incontestable. Un artiste a découvrir et si vous en avez la possibilité, à rencontrer.
En tout état de cause, entre ses mains, la nudité n’a rien à craindre, elle sera valorisée de sculpturale façon.

INFOS :Son site internet : http://www.jomyns.com/
"Atelier Nude", Veldstraat 21, 9250 Waasmunster (Belgique). Tél: 00-32-(0)52/46.07.82.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire