Je vous délaisse quelque peu mais la concrétisation de plusieurs projets arrive à terme dont, le livre photographique d'Annick.
Il y a 25 ans, en mai 1987, j’ai eu le privilège de
concrétiser le rêve de ma meilleure amie Annick, devenue depuis mon épouse : celui d’être photographiée intégralement nue.
Mais est-ce vraiment un privilège ?
Pour ma part, incontestablement.
C’est un immense privilège parce que c’est une Femme qui
vous confie la mission de concrétiser un rêve imposant : vous confier,
pour la première fois de sa vie, sa nudité pour que vous la traduisiez en
photographie.
C’est un privilège parce que dès cette demande qui est déjà
une importante démarche en soi, vous entrez dans ce qu’Annick appelle joliment « une relation intime, duelle et privée ».
« Intime », non pas au sens de la nudité mais au
sens de la démarche personnelle. Avant même d’oser me formuler sa demande, il y
a eu chez Annick un long cheminement de pensée, de face à face avec elle-même,
de questionnement intérieur. Et moi, je vais y pénétrer par la porte duelle, ce
face à face qui est maintenant entre Annick et moi.
Et le questionnement intérieur d’Annick devient alors un
dialogue riche entre elle et moi. Un fabuleux privilège que la photographie ne
montre pas. C’est là que le relationnel privé commence parce que ce qui se dit
entre Annick et moi n’appartient qu’à nous deux et à personne d’autre. Sauf,
si, comme avec vous, elle m’y autorise, à titre de témoignage.
Le privilège suprême n’est pas de découvrir la nudité d’Annick
mais bien d’immortaliser cet instant unique de sa première mise à nu
photographique. De cet instant, il n’y aura qu’une photographie qui ne montrera
pas le temps entre l’arrivée sur le lieu de la prise de vue et la prise de vue
en elle-même et toutes les hésitations qu’elle a suscitée au dernier moment.
C’est alors un privilège parce que cette nudité dévoile une personnalité, des émotions que l’habit cache. C’était un véritable privilège de pouvoir traduire en image cette émotion extraordinaire qui s’extrayait de toute la nudité d’Annick, cette émotion unique de celle qui passe de l’habit à la nudité en permettant à un photographe de l’immortaliser ! Parce qu’être nue est déjà une chose, être photographiée nue en est une toute autre.
Lorsque je regarde, 25 ans après, le premier nu que j’ai
réalisé d’Annick, je me rappelle chaque minute de cette séance de pose au bord
de l’eau.
Il est tout à fait facile d’y lire ce que ressentait Annick à cet
instant. La tension qui régnait en elle. Ce passage d’un monde à l’autre. Et ce
que vous ne voyez pas, et qui est un autre privilège pour le photographe, c’est
l’impatience qui fut la sienne d’en voir le résultat et la joie de recevoir ,
de regarder et de commenter avec moi ses photos !
Le privilège est donc un tout, un ensemble d’éléments
humains, profondément humains.
Parce que la photographie est un arrêt sur
image. Mais elle n’est qu’une partie d’un ensemble beaucoup plus vaste qui
commence au moment où Annick m’a dit « j’aimerais posséder des photos de
moi entièrement nue mais, … » et qui se terminera lorsqu’elle en aura
décidé.
Ce privilège est-il toujours d’actualité dans cette relation
photographique entre Annick et moi ?
Oui ! Même si nous sommes aujourd’hui mariés depuis 22 ans. Les questionnements
variant avec le temps qui passe mais sont bien présents.
Parce que dans notre approche photographique naturiste, je ne suis qu’un témoin photographique de l’émotionnelle nudité d’Annick. La photographie naturiste ne peut pas être mise en scène, elle doit garder le caractère naturel de la nudité dans l’espace où elle se vit. Le photographe est alors un regardant, un observateur, un témoin. Pas un intervenant. Il jouera alors sur son savoir-faire, son savoir-être pour traduire dans de belles images, ce qu’il voit de cette nudité dans son environnement temporel.
Si vous prenez l’exemple de cette récente photographie d’Annick réalisée sur la plage de Solapa sur l’île de Fuerteventura, cette photographie transpire la sérénité, la douceur, la sagesse, la maturité.
Si vous prenez celle-ci qui a été réalisée aux Routelles en
1992, elle transpire tout l’amour qui existe entre une mère et son enfant mais
aussi toute la quiétude et le naturel de la nudité partagée.
Il est bien là le privilège, celui de pouvoir être le témoin
de ces instants et de pouvoir les photographier tels qu’ils sont, sans plus.
Avec le privilège de pouvoir vous présenter ces photos et non de les garder secrètement dans un album souvenir. C’est un privilège, pour un photographe, de pouvoir exposer ce qu’il réalise en ce domaine particulier.
Mon dernier privilège et non des moindres, est de pouvoir
aujourd’hui continuer à photographier Annick nue, du haut de ses 56 ans. Elle n’a
pas renié sa nudité, encore moins le plaisir que je la photographie nue. Mon
privilège est, surtout, qu’elle a décidé
qu’aujourd’hui, j’étais le seul à pouvoir continuer à la photographier nue.
Peut-être parce que mon regard photographique sur sa nudité
n’a pas changé depuis 25 ans et que mon plaisir de la photographier nue reste
aussi intense qu’il y a 25 ans.
Et je peux vous assurer que ce plaisir est réel et comme je l’ai dit à Annick,
il y a 25 ans, surtout ne te rhabille jamais et laisse-moi immortaliser en
photographie, sa beauté simple et naturelle.
Je renvoie à mon ami le photographe Jacques LEINNE sa
citation : « A tout âge il existe en la nudité féminine une beauté qu’il
nous appartient de savoir extraire ».
Je suis donc bien un photographe privilégié ayant pour
modèle, une Femme exceptionnelle qui m’a offert ce privilège sans jamais me le
retirer.
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