Mais, j’ai vécu cet instant différemment dans un autre contexte de
pose : le moulage sur corps.
Il était convenu qu’avant la séance de pose à proprement
dite, un entretien aurait lieu au domicile de l’artiste. Le but était que je
sois totalement au courant du déroulement d’une telle séance car, en plus de la
nudité, dans ce cas-ci, les mains de l’artiste s’invitent sur celle-ci.
Ah, ces mains qui allaient, peut-être, se poser sur toute ma
nudité ! Voilà bien un sujet qui fit l’objet d’importants échanges de vue
avec Jean-François.
J’ai toujours eu une sainte horreur que l’on porte les mains sur moi, même
habillée. Ce n’est pas demandé, nue.
C’est qu’à tout vous dire, la séance était prévue pour faire
en premier lieu un moulage de ma poitrine et ensuite un moulage intégral de ma
nudité. Sachant, au préalable, que ma nudité devait être, pour des raisons
techniques, recouverte de vaseline avant la pose des bandes de plâtre.
Ces mains allaient donc se poser partout sur ma nudité. Cela,
je le savais par le témoignage d’une amie qui avait posée pour cet artiste.
Avec toujours cette question qui m’interpellait :
est-ce convenable en étant mariée et mère de deux jeunes filles de vivre un tel
moment. Mais, l’envie de vivre cette expérience était forte tout en ne voulant,
en rien, mettre le couple en danger par celle-ci.
Comme d’habitude, Jean-François était à l’écoute avec ce
raisonnement simple depuis que je me suis présentée nue devant lui, des années
plus tôt : « si tu en as envie, fais-le ! ». En mettant les choses à leur place, comme
avec mes nudités. Pour lui, les mains de l’artiste sont l’outil de travail de
celui-ci, comme l’éponge et le pinceau pour le body-painting, comme l’appareil
photo pour le photographe. Ces mains sur ma nudité sont donc justifiées et ont leur
raison d’être. Elles ne sont là que pour cela et rien d’autre.
Donc, si je voulais vivre une telle séance particulière, il
fallait que j’en accepte les contraintes artistiques.
Aller, une nouvelle fois,
au-delà de mes frontières.
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